Marlène Charine, Lausannoise installée à Bâle, auteure de «Tombent les anges» (Calmann-Lévy), remporte le Prix du polar romand 2020.

Le Prix du polar romand 2020 récompense l’écrivaine Marlène Charine pour son roman Tombent les anges, paru le 3 mars chez Calmann-Lévy.
Ce thriller redoutable et attachant raconte l’enquête de Cécile Rivère, une jeune gardienne de la paix aux intuitions troublantes, et du capitaine parisien Kermarec, autour de la mort d’une infirmière de vingt-cinq ans aux secrets bien sombres.
Le jury, composé de Stéphanie Berg, responsable de la littérature noire à Payot Lausanne, Valérie Daetwyler, bloggeuse polar (sangpages.com), Isabelle Falconnier, déléguée à la politique du livre de la Ville de Lausanne, Jean-Luc Gremaud, chef de la police judiciaire de Lausanne, Cécile Lecoultre, critique littéraire au journal 24Heures et Michel Sauser, programmateur du Théâtre 2.21 à Lausanne, salue les qualités tant d’écriture que de construction du livre. Haletant et sensuel, il aborde les thématiques des victimes de pervers sexuels, du don de visions et de sa réception dans la police et de l’omniprésence du mal dans la société. Le jury est par ailleurs heureux de valoriser avec Marlène Charine une femme auteure dans un genre encore majoritairement représenté par les hommes.
Née en 1976 à Lausanne, ingénieure en chimie de profession, spécialiste en droit alimentaire, Marlène Charine habite non loin de Bâle avec sa famille. Elle publie plusieurs nouvelles dans divers genres de l’imaginaire avant de se lancer dans le roman avec Le projet Alice en 2017. Tombent les anges est sa première incursion dans le roman noir.
Le Prix du polar romand est organisé par le service des Bibliothèques et Archives de la Ville de Lausanne et le festival Lausan’noir. Il a récompensé en 2019 Glory Hole de Frédéric Jaccaud, en 2018 La Coach de Nicolas Verdan et en 2017 Chaleur de Joseph Incardona. Il est doté de CHF 3000.-.
Le Prix du polar romand 2021 sera remis dans le cadre du festival Lausan’noir, qui aura lieu du 12 au 15 mai 2021 au Casino de Montbenon à Lausanne.
« Il existe de nombreux phénomènes que rien ne peut expliquer dans notre quotidien ! »
Lauréate du Prix du polar romand 2020 pour son roman « Tombent les anges », paru le 3 mars chez Calmann-Lévy), Marlène Charine raconte son lien avec le fantastique.
Cécile, votre enquêtrice, manifeste certains dons surnaturels et votre thriller Tombent les anges possède un aspect fantastique ou paranormal très excitant. Quel est votre rapport au surnaturel, à l’intuition?
Il existe de nombreux phénomènes que rien ne peut expliquer dans notre quotidien. Les capacités des personnes qui pratiquent le secret ou les coupe-feux, par exemple, me fascinent. Mais c’est plus la thématique de l’identité, de l’acceptation de soi, que j’ai voulu aborder au travers du personnage de Cécile. Comment se trouver lorsqu’on développe bien malgré soi une faculté encombrante ? Faut-il l’accepter, quitte à devoir endurer le regard d’autrui, ou au contraire la refouler tout au fond de soi, la renier ? La pointe de fantastique du roman permet de mettre ces aspects sous une autre lumière.
Cécile Rivère et le capitaine Kermarec, votre tandem policier, sont très attachants et nous avons de la peine à les quitter à la fin du roman. Avons-nous une chance de les retrouver dans de nouvelles aventures ?
J’ai moi aussi beaucoup de tendresse pour ce duo, leur relation particulière, leur franc-parler plein d’humour. Donc oui, j’aimerais beaucoup retrouver Cécile et Merlin pour une nouvelle enquête. Mais j’ai également d’autres projets de thrillers en tête, avec des personnages et des ambiances très différents.
Quel plaisir prenez-vous à écrire du polar, du thriller, de l’enquête ?
Qui n’a jamais fait de pronostic quant à l’identité du tueur au début d’une enquête d’Hercule Poirot ? Un petit jeu amusant pour le lecteur, mais encore plus pour l’auteur, qui prend un malin plaisir à brouiller les pistes. Et comme pour n’importe quel genre de littérature, il convient de soigner l’ambiance et les décors, de creuser les personnages, les rendre crédibles, attachants, ou détestables. Avec le petit frisson du thriller en plus…
Votre quotidien n’a rien à voir avec l’histoire de Tombent les anges, puisque vous travaillez dans le domaine du droit alimentaire et que vous êtes maman de deux jeunes garçons. Quelle place occupe l’écriture dans votre vie ?
En effet, ma routine n’a – heureusement – rien à voir avec celles des personnages de ce roman ! Comme j’exerce dans un domaine très carré et pointu, mon activité d’auteure me permet de compenser et de donner libre cours à ma créativité. Ma passion pour l’écriture remonte à de nombreuses années, puisque j’étais étudiante lorsque j’ai écrit ma première nouvelle. Je pense toutefois qu’il me fallait gagner en expérience et en maturité pour mener à bien un projet comme Tombent les anges, pour trouver ma voix également. Aujourd’hui, l’écriture fait partie de mon quotidien, elle est une part essentielle à mon équilibre.
Propos recueillis par Isabelle Falconnier